Dans le contexte de la pandémie du coronavirus et de notre tour du monde des expatriés français, stop en Thaïlande avec Benjamin Tomasini. Il vient de quitter Bangkok et son job dans une boîte de nuit pour s’installer sur l’île de Koh Samui...
Titulaire d’une Mention complémentaire Sommellerie obtenue à Bordeaux, Benjamin Tomasini a travaillé 12 ans dans le secteur de la restauration, principalement à des postes de manager. Il vit aujourd’hui en famille à Koh Samui, la deuxième plus grande île de Thaïlande, où il est agent immobilier, mais tout nouveau dans le domaine, et sur l'île. Comment vit-il la situation actuelle, tant sur le plan personnel que professionnel ? Qu’est-ce que la pandémie change concrètement au quotidien ? Parvient-t-il à se projeter ?
Benjamin Tomasini : Les masques et les gels hydroalcooliques sont disponibles, aucune pénurie à ce niveau-là. Les chaines de supérettes 7/11 et Family Mart qu’on trouve à tous les kilomètres vous prennent la température avant de rentrer et vous demandent de vous laver les mains avec du gel mis gratuitement à disposition. Des marques au sol sont mises en place pour respecter la distanciation sociale au niveau des caisses. On y trouve absolument de tout, c’est pratique et ouvert 24h/24, même si en ce moment, avec le couvre-feu de 22h à 4h, ils ferment à 21h30.
Je travaille même si l’activité (immobilier) est quasi nulle. Nous sommes 4 au bureau, aucune restriction ne nous a été demandée. Personnellement, les Thaïs ont tendance à se méfier un peu plus des Européens car ils pensent que nous véhiculons le virus, vu les nombreux morts en Europe comparativement à ici.
Je vis et travaille sur l’île de Koh Samui depuis maintenant 2 mois, mais cela fait 5 ans que je suis en Thaïlande. A Bangkok, je travaillais dans une boîte de nuit, Levels, pour lequelle j’étais responsable des tables VIP. Depuis le début de la crise pandémique, tous ces établissements de type restauration/débit de boisson ont dû fermer, certains payant 50 % du salaire de leur employés, d’autres non…
Franchement, je suis heureux car si je n’étais pas venu a Samui, j’aurais tout simplement perdu mon emploi et n’aurait bénéficié d’aucune aide. Aux dernières nouvelles, l’île de Phuket va sortir de son confinement et les trajets inter-provinciaux seront tolérés, potentiellement certaines frontières vont rouvrir ; j’ai bon espoir qu’on voit enfin le bout du tunnel. Les Thaïs sont des gens charmants, absolument pas matérialistes, très terre a terre et ils aiment s’amuser de tout.
Si la vie est très agréable, il faut vraiment montrer patte blanche, justifier de diplômes ‘spéciaux’ afin d’apporter une vraie plus-value au pays et être éligible à un permis de travail qui coûte environ 1 500 euros par an à l’entreprise.
Un nombre incalculable de Thaïlandais sont sans emploi, sans revenus, et le gouvernement n’aide pas. Le PM avait annoncé donner 5 000 thb par mois sur une période de 3 mois aux locaux justifiant d’un licenciement économique, cela n’a duré qu’un mois… Notre agence a été sollicitée pour aider à récolter des fonds et distribuer de la nourriture aux plus démunis. Nous avons réussi à collecter quasiment 2 000 euros en une journée !
Ma femme travaille dans une supérette indépendante (pas une chaîne comme Family Mart ou 7/11). A cause de la baisse d’activité, un employé aurait dû être licencié pour baisser les charges patronales. Le temps de la crise, tous les employés ont accepté une baisse de leur salaire respectif de 20 % afin que cette personne menacée de perdre son emploi puisse continuer à travailler, et des exemples comme cela vous en avez à tous les coins de rue.
Les opérateurs ont offert ça pour que les Thaïlandais puissent rester en contact avec leur famille. La plupart des ‘jeunes’ viennent travailler à Bangkok, Pattaya, Samui ou Phuket car il y a du travail et des salaires ‘corrects’. La grande partie d’entre eux viennent de l’Issan (région agricole du Nord de la Thaïlande).
La Thaïlande donne une prolongation de visa gratuite à tous les etrangers. Plus besoin d'aller au bureau d'immigration pour éviter les rassemblements. Well done Thaïlande !
Propos recueillis par Natacha Le Jort