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Reconversion entrepreneuriale : les clés pour ne pas (trop) fantasmer !

La reconversion entrepreneuriale, ou l'art de tout quitter pour créer son entreprise. Le rêve ? Pas toujours. Attention aux fantasmes qui entourent l'entrepreneuriat. Marina Bourgeois vous donne les clés pour ne pas (trop) fantasmer.

Par Marina Bourgeois, Dirigeante du cabinet Oser Rêver Sa Carrière, auteure du livre J’entreprends sans m’épuiser, animatrice du podcast Cheminement, et Caroline Averty, consultante en repositionnement professionnel.

Depuis la crise sanitaire, de plus en plus d’actifs envisagent de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, en se mettant à leur compte via une micro-entreprise ou en créant une société (une personne morale sur le plan juridique). Ils ont envie de “monter leur boîte” comme on dit dans le jargon.
Voici les clés pour ne pas trop fantasmer sur la reconversion entrepreneuriale.
Des aspirants entrepreneurs de plus en plus nombreux
Les candidats à la reconversion entrepreneuriale affluent dans les cabinets de repositionnement professionnel, avec une idée en tête : retrouver du sens et du plaisir en travaillant. De même, les formations dédiées aux entrepreneurs se multiplient, que ce soit pour les béquiller sur le plan juridique, financier ou marketing.
Parfois déçus par le modèle salarial actuel (manque d’autonomie, de flexibilité organisationnelle, ras-le-bol du micromanagement, démission mentale, explosion des situations de souffrance au travail et de burn-out…), les leitmotivs de cet engouement pour la création d’entreprise sont pléthores.
Faut-il s’en réjouir et conseiller cette voie aux jeunes sortant du lycée ou des formations pré ou post bac ? Faut-il la suggérer aux salariés perdus entreprenant un bilan de compétences / de carrière ou un outplacement pour y voir clair ?
Pas systématiquement. Ou en tous les cas, pas pour tous. Car si l’on peut parfaitement lancer son activité, en vivre et être heureux sans avoir à forcément compter les centimes en fin de mois, la prise de conscience du gap existant parfois entre l’idée de ce que l’on fait de la création d’entreprise et la réalité peut s’avérer déceptive.
Nous avons donc entrepris de lister quelques raisons de se lancer et de créer sa boîte, en les contrebalançant systématiquement par un nécessaire passage par la réalité ;-). Car nous sommes convaincues que le choix de l’entrepreneuriat doit être éclairé et pris en pleine connaissance de cause.
Les bons et mauvais motifs poussant à se lancer dans l’entrepreneuriat
1. Se lancer pour tester une idée
“J’ai une idée que j’aimerais vraiment bien tester”.
Il s’agit là de la meilleure des motivations pour entreprendre.
Mais attention, ne foncez pas tête baissée en optant pour l’artillerie lourde (en créant par exemple de suite une société, type SARL ou SAS). Plutôt que de tout plaquer du jour au lendemain, allez-y en douceur en procédant de façon graduée : démarrez par une immersion.
Testez le métier quelques jours afin de confirmer ou d’infirmer votre intérêt (car entre vouloir être fleuriste et avoir toute la journée les mains dans les épines, il y a une différence notable et parfois finalement dissuasive).
Des sociétés telles que Test Un Métier vous permettent ce type d’expérience. De même, au lieu de démissionner ou d’engager une rupture conventionnelle, monter votre “side project” en testant votre activité en parallèle de votre job actuel.
Ainsi, vous vous sécurisez financièrement, sans être obligé(e) de quitter votre emploi actuel et de créer ex nihilo une personne morale aux modalités administratives, financières et fiscales contraignantes.
2. Se lancer pour plus de liberté organisationnelle
“J’aimerais pouvoir m’organiser selon mes propres envies et pouvoir profiter de mes enfants”.
Voici une raison souvent invoquée par les aspirants entrepreneurs. Attention toutefois ! Si la liberté organisationnelle inhérente au statut d’entrepreneur permet parfois (mais pas toujours !) de vous organiser comme bon vous semble, elle a ses travers.
Certes vous pourrez (peut-être) aller chercher Léa et Nathan à 16h30 plus souvent (et encore) mais … vous devrez sans doute vous remettre à travailler aussitôt !
Bien s’organiser est une des conditions préalables pour pouvoir profiter de cette fameuse “liberté” entrepreneuriale, relevant davantage du mythe que de la réalité.
N’oubliez pas que l’entrepreneur est souvent Shiva : au démarrage et dans les premières années de développement, il est partout, tout le temps, et rêve bien souvent d’avoir le don d’ubiquité. Et, surtout, il est passionné. Or, vous connaissez l’adage : quand on aime, on ne compte pas… Il ne compte donc pas ses heures ni l’énergie dispensée pour faire croître son “bébé’. Armez-vous, anticipez et apprenez à entreprendre sans vous épuiser !
3. Se lancer pour plus d’authenticité
“Je n’ai plus envie de porter un costume tous les jours, j’ai l’impression d’être un pingouin”.
Rigolo… cet argument revient souvent chez nos accompagné(e)s souhaitant quitter “le monde du salariat”! Vous avez envie de pouvoir rester en pyjama ou en jogging jusqu’au retour de votre moitié ou de la sortie d’école ? Ok, possible.
N’oubliez tout de même pas que l’entrepreneur se déplace 😉 et qu’il incarne son entreprise. Il est le meilleur représentant de son activité… Par ailleurs, le pyjama H24 n’est pas forcément idéal pour le moral. S’appliquer des règles de vie ne vous décalant pas trop de la norme sociale (autrement dit, s’habiller le matin pour se déshabiller le soir) est évidemment conseillé ;-).
4. Se lancer pour éviter la hiérarchie
“Je n’ai plus envie de recevoir des ordres”.
Voilà un autre argument souvent évoqué par les néo-entrepreneurs. Là encore, certes vous êtes maître à bord de votre boîte, mais attention… entreprendre ne met pas un terme aux exigences et contraintes “extérieures”. Vos clients, vos acheteurs, etc. deviennent votre “hiérarchie” à laquelle vous devez rendre des comptes.
5. Se lancer pour développer sa créativité
“J’ai envie de laisser libre court à ma créativité”.
Nous entendons souvent “j’ai envie de fabriquer des choses”, “d’inventer”, d’imaginer”, de “faire les choses à ma sauce”. C’est en effet l’un des aspects les plus sexy de l’entrepreneuriat : pouvoir modeler son entreprise, son produit ou son service à son image, à celle de ses clients. Décider de tout, de A à Z.
Là encore, prudence ! Le temps peut venir contrecarrer votre créativité : souvent seul à bord (pour le solo-entrepreneur), vos journées feront toujours 24h et pas une minute de plus. Vous devrez être sur tous les fronts, tout du moins au démarrage. Cette polyvalence du départ doublée d’un rythme souvent soutenu brident la créativité.
Loin de nous l’envie de vous décourager à entreprendre. Mais il est fondamental de partir à l’aventure entrepreneuriale en ne la fantasmant pas, et en étant parfaitement lucide et conscient de ses avantages (et elle en a !) et de ses inconvénients. Un entrepreneur averti en vaut dix !
Si vous aussi vous envisagez de vous reconvertir professionnellement dans la création d’entreprise, prenez le temps de bien vous informer sur le statut de travailleur indépendant. Vous pouvez vous inscrire à notre newsletter pour avoir des infos sur les actualités de l’entrepreneuriat et de la reconversion professionnelle.
N’hésitez pas à contacter Oser rêver sa carrière pour discuter de votre projet professionnel !