- Faire le point
Coronavirus : 60 000 salariés concernés par le chômage partiel

Selon la ministre du Travail, 3 600 entreprises françaises dont l’activité est fortement impactée par la propagation du coronavirus ont demandé à bénéficier de mesures de chômage partiel. Cela concerne 60 000 salariés, sur un total de 20 millions de salariés, pour un coût potentiel estimé à 180 millions d'euros.
Mise à jour
Ces chiffres de cessent d’augmenter. Au 15 mars, après le passage de la France au stade 3 de l’épidémie et la fermeture de tous les lieux publics considérés comme « non indispensables, plus de deux millions de salariés sont en activité partielle ! Au 2 avril, ce sont 400 000 entreprises impactées représentant 4 millions de salariés en activité partielle, soit 1 salarié sur 5 dans les entreprises et les associations, pour un coût potentiel estimé à plus de 11 milliards d’euros ; du jamais vu.
Des dispositifs économiques pour accompagner les entreprises
Après l’annonce de la mise en quarantaine des villes de Milan et de Venise, Muriel Pénicaud s’est exprimée ce dimanche sur le plateau de BFMTV. Dans le contexte de la propagation du coronavirus, le nombre d’entreprises souhaitant recourir au chômage partiel a doublé en quelques jours.
« Une épidémie est de toute façon inexorable. »
Emmanuel Macron
Qu’est-ce que le chômage partiel, ou technique ? Lorsque l’activité ne peut pas avoir lieu, à cause d’une épidémie par exemple, « l ’entreprise continue à payer le salarié et le ministère du Travail rembourse une partie du salaire, ce qui permet de maintenir l’emploi », a expliqué la ministre. Le but, c’est d’éviter de licencier.
Lire aussi >> Le « présentéisme maladie », une tendance bien française
Bon à savoir
En cas de recours à l’activité partielle au sein d’une entreprise, les salariés touchés par une perte de salaire doivent être indemnisés par une indemnité (dispositif appelé aussi chômage partiel ou technique) versée par l’employeur. Pour bénéficier de ce dispositif et obtenir l’allocation de l’État correspondant aux heures dites chômées, l’employeur doit engager des démarches auprès de la Direccte avant la mise en activité partielle de son personnel.
Lorsque les salariés sont placés en position d’activité partielle, le contrat de travail est suspendu mais non rompu. Ainsi, sur les heures ou périodes non travaillées, les salariés ne doivent ni être sur leur lieu de travail, ni à disposition de leur employeur, ni se conformer à ses directives.
Le contrat de travail étant suspendu, les salariés perçoivent une indemnité compensatrice versée par leur employeur. Cette indemnité doit correspondre au minimum à 70 % de la rémunération antérieure brute et peut être augmentée par l’employeur. En cas de formation pendant l’activité partielle, cette indemnité est portée à 100 % de la rémunération nette antérieure.
Comment faire une demande d’activité partielle ?
Toutes les demandes doivent être déposées sur le portail dédié en amont du placement effectif des salariés en activité partielle.
>> En savoir plus sur l’activité partielle (chômage partiel ou technique)
« Notre stratégie est d’être pragmatique. Il ne faut pas pénaliser la vie économique. » Muriel Pénicaud, sur le plateau d’Apolline de Malherbe dans BFM Politique le dimanche 8 mars 2020
Tourisme, événementiel, restauration… l’impact sectoriel du coronavirus
S’il ne faut pas « généraliser », car beaucoup d’entreprises ne sont pas touchées (toujours selon la ministre), certains secteurs sont plus « abimés » que d’autres : les activités touchées sont le tourisme, l’événementiel (annulations en cascade), la restauration (-25 % de chiffre d’affaires), l’hôtellerie (-30 à 40 %) et le transport aérien. Le recours à l’activité partielle est possible en cas de risques financiers, ainsi que le report des échéances des charges sociales et fiscales pour les entreprises qui en auront besoin. De plus, si une PME ne peut pas livrer à cause de l’épidémie, elle ne sera pas pénalisée.
Quant à la production des médicaments, « on ne peut pas être dépendant de fournisseurs de médicaments qui se trouvent à l’autre bout du monde. Il faut relocaliser, mais aussi diversifier la production pour avoir plusieurs sources d’approvisionnement. Et cela vaut aussi pour l’industrie ».
« Il faut être réaliste…
on va avoir un ralentissement partiel de la croissance, mais on fait tout pour la préserver. » La ministre du Travail a annoncé une nouvelle réunion avec Bruno Le Maire et les acteurs économiques dans le but de préserver l’emploi. Le ministre de l’Economie a d’ailleurs estimé ce lundi matin sur France Inter que l’impact économique sur la croissance française en 2020 sera « sévère », de l’ordre de plusieurs dixièmes de points : « On peut parfaitement envisager d’être en dessous de 1 % de croissance du PIB en 2020. »
Par Natacha Le Jort