Déconfinement : le scenario retenu par le Conseil scientifique

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Un déconfinement progressif, prudent et modulable en fonction de l’état des connaissances

En termes de calendrier, le Conseil scientifique estime que les prérequis à la sortie du confinement pourront difficilement être opérationnels avant, au mieux, courant mai 2020.

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Le conseil indique que, selon les données épidémiologiques disponibles, le confinement pratiqué depuis le 17 mars a permis de réduire la transmission du virus de 84 %, ce qui s’est traduit par une diminution sensible du nombre d’admissions aux urgences pour suspicion de COVID-19, du nombre d’hospitalisations et du nombre d’admissions en réanimation COVID-19. Néanmoins, la saturation des lits de réanimation par des patients COVID-19 va « se poursuivre sur une période de quelques semaines car les patients font des formes sévères de pneumonie inflammatoire nécessitant une ventilation prolongée ».

Parmi les 3 scenarios de sortie du confinement envisagés, le Conseil scientifique n’en n’a retenu qu’un, le 3e :

  1. Confinement strict poursuivi jusqu’à l’extinction du nombre de nouveaux cas ;
  2. La sortie totale du confinement permettant d’acquérir une immunité collective mais avec un risque inacceptable d’une mortalité extrêmement importante ;
  3. La poursuite de la stratégie avec une levée progressive, prudente et monitorée du confinement et adaptation des mesures en fonction des résultats épidémiologiques.

Qu’est-ce que le Conseil scientifique ?

A la demande du président de la République, Olivier Véran, le ministre des Solidarités et de la Santé, a installé le 11 mars 2020 un conseil scientifique pour éclairer la décision publique dans la gestion de la situation sanitaire liée au coronavirus.

Ce comité est présidé par le professeur Jean-François Delfraissy et compte 10 autres experts venant de champs disciplinaires complémentaires :

  • Laetitia Atlani Duault, anthropologue
  • Daniel Benamouzig, sociologue
  • Lila Bouadma, réanimatrice
  • Simon Cauchemez, modélisateur
  • Franck Chauvin, président du Haut Conseil de la santé publique (désigné ultérieurement à la mise en place du Conseil)
  • Pierre Louis Druais, médecine de ville
  • Arnaud Fontanet, épidémiologiste
  • Bruno Lina, virologue
  • Denis Malvy, infectiologue
  • Yazdan Yazdanapanah, infectiologue

A noter que Didier Raoult, infectiologue, a fait partie du conseil scientifique du 12 au 16 mars 2020, mais n’a pas participé aux avis rendus sur cette période.

« Totalement indépendant », le conseil scientifique se réunit tous les jours, physiquement ou par téléphone, et ses avis sont rendus publics. Le comité s’appuie aussi sur des travaux de chercheurs étrangers et peut inviter des experts extérieurs.

Le Conseil scientifique propose une première ébauche de scénario pour une sortie réussie du confinement

Basé sur l’état actuel des connaissances, ce scenario concerne les deux mois suivant la sortie du confinement, étant donné qu’il est impossible à ce stade d’estimer l’évolution de l’épidémie au-delà de cette période. Une sortie de confinement par régions « n’apparait pas réaliste » car cela supposerait « un suivi sanitaire et épidémiologique très fin au niveau régional ». Le Conseil scientifique préconise que la sortie de confinement soit réalisée sur l’ensemble du territoire national, ce qui n’exclut pas des déclinaisons régionales, voire départementales.

Quels sont donc les points clés de cette stratégie de déconfinement ?

Test et isolement

Isolement immédiat des cas confirmés dans un lieu adapté (de type hôtel ou confinement strict dans la résidence habituelle) tandis que les cas suspects seront isolés à leur domicile jusqu’au rendu des résultats.

Maintien de la distanciation sociale et renforcement des gestes barrières 

Respecter au moins 1 mètre de distance physique de chaque côté en tous lieux hors de son domicile : lieux publics, lieux de travail, commerces et transports en commun. Les gels hydro-alcooliques doivent être disponibles à l’ensemble de la population sans risque de rupture d’approvisionnement. Le port d’un masque individuel dans les lieux recevant du public doit être systématique durant la période post-confinement.

A noter que le respect strict de toutes les règles (distanciation sociale, masque, gel, etc.) est indispensable pour une ouverture prudente et progressive des commerces. Le Conseil scientifique préconise par ailleurs le maintien de la fermeture des lieux de rassemblement du public en nombre important, qu’il s’agisse de salles fermées ou de lieux en plein air.

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Transports

  • Autorisation des transports urbains et inter-régionaux dès lors que sont respectées les mesures barrières et les règles de distanciation sociale ;
  • Les transports internationaux sont très fortement déconseillés jusqu’à l’été 2020 afin de réduire le risque de réintroduction du virus sur le territoire national ;
  • Protection des territoires et départements ultra-marins en appliquant des règles strictes de quatorzaine et de diagnostic à l’arrivée de voyageur de métropole.

Bon à savoir

Le Conseil scientifique alerte sur le sentiment de sécurité donné à tort par le port d’un masque : « Il n’est efficace que couplé avec un strict respect des mesures barrières et de distanciation sociale et au respect des consignes d’utilisation. »

Concernant les transports en commun et les transports collectifs, « le non-respect des règles de distance physique d’un mètre de part et d’autre, que les usagers portent ou non un masque de protection, constitue un vecteur important de la transmission du virus, tant en termes de vitesse que de volume, ce qui pourrait conduire à la reprise incontrôlable de l’épidémie ».

« Si la reprise du travail est contenue par des mesures de type télétravail, le maintien des cadences de transport habituelles permettra de limiter les concentrations de voyageurs dans des espaces confinés à fort risque de transmission virale. Des mesures d’étalement des horaires devraient également permettre d’éviter une saturation des transports en commun à certaines heures. »

Pour la population active en temps normal, l’objectif est que la moitié des travailleurs reprennent progressivement une activité présentielle

Selon le Conseil scientifique, les personnes de 25 à 65 ans ne présentant pas de pathologies chroniques « ont un risque de forme grave limité mais suffisant pour aboutir en cas de contamination massive comme celle connue avant la période de confinement dans certaines régions (Grand Est, Ile de France), à une nouvelle saturation des services hospitaliers et à une mortalité conséquente. »

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Il est possible d’envisager une levée du confinement sous réserve des règles ci-dessous :

  • Pour les administrations, il est proposé de maintenir les plans de continuité de l’activité (PCA) permettant un télétravail pour une part importante des personnels ;
  • Pour les entreprises, il est proposé de maintenir le télétravail lorsqu’il est possible, sur la totalité ou plus de la moitié du temps de travail.
  • Pour les commerces, artisans, etc., il est proposé de reprendre une activité en respectant scrupuleusement les règles de distanciation sociale et l’utilisation de masques dans les magasins, ateliers etc. qui devront être organisés en conséquence.

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Pour les populations particulières à risque

Le Conseil scientifique conseille aux personnes de plus de 65 ans et/ou présentant des pathologies chroniques (hypertension artérielle, diabète, maladie coronarienne ou un cancer en cours de traitement, etc) de respecter un confinement strict et volontaire, qui les protège de risques de contamination : « A la différence du confinement obligatoire, le confinement volontaire ne vise pas à freiner l’épidémie ; il permet aux personnes de se protéger sur la base d’un choix éclairé personnel. Ce choix doit pouvoir être proposé aux personnes à risque qui travaillent. »

Pour les personnes âgées résidant dans des établissements hébergeant des personnes âgées dépendante (EHPAD), le risque de transmission étant nettement plus élevé, tant pour les résidents que pour le personnel soignant, la poursuite d’un confinement « aménagé » est nécessaire, « en trouvant de façon urgente des moyens de liaison sociales entre les résidents et leur famille (visite visuelle, tests diagnostiques RT-PCR COVID avant une visite physique…) ».

Maintenir la fermeture des crèches, des écoles, des collèges, des lycées et des universités jusqu’au mois de septembre

Si le risque de formes graves et le risque de contagiosité individuelle sont faibles chez les moins de 25 ans, « le risque de transmission est important dans les lieux de regroupement massif que sont les écoles et les universités, avec des mesures barrières particulièrement difficiles à mettre en œuvre chez les plus jeunes ».

Des enjeux sociétaux existent également, l’absence d’école pouvant favoriser des situations de maltraitance.

Le Conseil scientifique propose cette fermeture, mais « il prend acte de la décision politique prenant en compte les enjeux sanitaires mais aussi sociétaux et économiques, de réouverture progressive et prudente des crèches, écoles, collèges et lycées ».

Ces établissements devront impérativement mettre en place les conditions nécessaires à leur réouverture :

  • mise en conformité des sanitaires dans les écoles, mise à disposition de solutions hydro-alcooliques, agencement des salles permettant le respect des distances interindividuelles, etc ;
  • les mesures barrières devront être poursuivies de façon raisonnable et individualisée au domicile des enfants pour éviter le risque de contagion dans le cadre du foyer familial.

Des enquêtes pilotes épidémiologiques et virologiques devront être réalisées de façon urgente et à intervalles réguliers sur cette population.

Pour les personnes ayant déjà développé le COVID-19

En l’absence de certitude scientifique à ce stade sur l’acquisition d’une immunité protectrice chez les personnes ayant développé le COVID-19, le Conseil scientifique propose que les mesures générales leur soient appliquées.

Le scénario à éviter

La seule stratégie possible pour le Conseil scientifique est donc une sortie progressive du confinement qui prend en compte les risques des différentes populations pour adapter les mesures de protection.

La connaissance du niveau d’immunité des individus et de la population est essentielle

« Des tests sérologiques sont en cours de validation, pour certains déjà existants et susceptibles d’être déployés à grande échelle à horizon de quelques semaines. »

Suite à la levée du confinement, le risque d’une seconde vague épidémique existe. Il serait alors « nécessaire d’appliquer des mesures de distanciation sociales plus strictes pouvant aller jusqu’à un nouveau confinement ». Ce dernier pourrait être partiel, généralisé ou régional.

En conclusion : « Il faut éviter ce scénario, aussi bien au plan sanitaire qu’économique. »

Que retiendra Edouard Philippe de la stratégie du Conseil scientifique ?

   Par Natacha Le Jort 

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