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Comment se reconstruire après un burn‑out ? Interview de Claire Mellet

Interview de Claire Mellet, coach en évolution professionnelle, spécialisée dans l’accompagnement des femmes qui souhaitent retrouver du sens dans leur vie professionnelle et notamment se reconstruire après un burn-out.
Ancienne consultante en ressources humaines, Claire Mellet vit un licenciement sans ménagement qu’elle était bien loin d’avoir anticipé. Cet évènement agit comme un déclic. Elle décide alors d’enfin faire ses choix professionnels par conviction, en fonction de ce qui lui plait, et non plus par défaut. Suite à ce déclic, elle devient coach.
Cette jeune femme de 31 ans transmet son énergie positive en aidant et en accompagnant des personnes qui souhaitent retrouver du sens dans leur vie professionnelle. Depuis quatre ans qu’elle exerce cette activité/passion, elle en a accompagné une cinquantaine, essentiellement du coaching à distance par Skype, et elle se spécialise dans l’évolution professionnelle des femmes, non pas par féminisme, mais parce que c’est un sujet qui la touche.
« Je suis aussi une femme qui adore travailler et qui a envie de se réaliser par son travail. Après une expérience difficile, où on s’est beaucoup donné, il faut prendre le temps de redéfinir ses besoins et ses priorités plutôt que de chercher à entrer dans des cases prédéfinies. Je veux aider les gens à ce qu’ils se sentent mieux, qu’ils retrouvent leur chemin pour avancer, rallumer l’étincelle quand elle est éteinte. »
Accompagnez-vous plus de femmes que d’hommes ?
Claire Mellet : Je dirais deux-tiers de femmes et un tiers d’hommes. J’accompagne actuellement une femme de 45 ans encore un poste, mais qui a négocié sa rupture conventionnelle. Elle est venue me voir car, seule, elle n’arrivait pas à trouver une nouvelle voie professionnelle. En fait, elle avait besoin de retrouver confiance en elle.
Beaucoup de personnes se trouvent dans cette situation : elles souhaitent se reconvertir, mais ne franchissent pas le cap car elles ne savent pas exactement quoi faire. Comment les y aider, concrètement ?
Claire Mellet : C’est un travail sur la confiance en soi. Cette femme est directrice commerciale , un poste à responsabilités avec beaucoup d’indépendance, de voyages à l’international, une équipe à manager ; un métier qui lui plaisait beaucoup… Le burn-out est arrivé dans une phase de crise de confiance avec sa hiérarchie, un milieu très masculin où on lui demandait plus de comptes à rendre qu’aux autres. Elle avait demandé un rendez-vous avec ses supérieurs pour que la situation change et a compris que ce n’était pas possible. Elle m’a dit : « J’ai été traumatisée par cette expérience. » Tout le travail débute avec ces questions : qui je suis ? quelles sont mes valeurs ? qu’est-ce qui est important pour moi ? quelles sont mes compétences ?
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« Beaucoup de compétences sont transférables, mais il faut prendre le temps de redéfinir ce que l’on sait faire et ce que l’on pourrait utiliser autrement, sans forcément passer par la formation. Dans mon accompagnement, on revient sur les fondations : valeurs, compétences, motivation professionnelle. Il faut lever certains freins, mieux se connaître et redéfinir son projet pro en partant de soi-même plutôt qu’en cherchant via quelle case on pourrait re-rentrer sur le marché du travail. » Claire Mellet
Comment savoir si l’on en vraiment en situation de burn-out ?
Claire Mellet : Le corps lâche. Cette femme m’a raconté : « Un jour je me lève, je devais prendre le train pour aller à un rendez-vous. Une fois à la gare, je n’ai pas réussi à prendre le train. Je suis rentrée chez moi, et je me suis rendue compte que je ne pouvais plus. » C’est souvent le corps qui parle avant le mental. Et le corps a toujours raison.
Est-ce long pour se remettre « en route » ?
Claire Mellet : Pour s’en remettre, tout dépend de la fatigue physique et psychologique qu’on a accumulée et si on se fait accompagner ou pas, si on a honte et qu’on n’en parle pas… Mon conseil, c’est d’être accompagné, par un ami, un coach ou quelqu’un d’autre. La chose la plus importante est d’abord de l’accepter, puis de s’autoriser à ce que quelque chose change. Cela peut prendre 2-3 mois, tout dépend de la personne. Le problème, c’est quand on refuse d’en parler, de l’accepter, qu’on pense qu’on est coupable et qu’on en a honte.
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Que dire à une personne qui refuse d’admettre qu’elle est en burn-out car c’est un des paradoxes de cette maladie ?
Claire Mellet : Face à quelqu’un qui est dans le déni ? Le burn-out nous entraîne en dehors de notre corps et nous déconnecte de nous-mêmes, de notre cœur. Je dirai à cette personne « Que te dit ton cœur en ce moment ? Est-ce que ta situation te convient vraiment aujourd’hui ? Es-tu vraiment honnête envers toi-même ? Quel est le prix de ta santé ? Démissionner n’est pas un échec. Et perdre sa santé coûte beaucoup plus cher qu’un coaching.
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D’après Claire Mellet, le burn-out crée une crise de sens. Il faut d’abord une phase de repos, une pause physique pour le corps, se ressourcer, couper, se donner du temps, reprendre soin de soi et de sa famille, avant de réattaquer une nouvelle vie professionnelle : « Trouvez des petites choses pour vous faire plaisir tous les jours et autorisez-vous à prendre soin de vous. Cherchez seulement dans un deuxième temps comment repartir professionnellement sans reproduire le même schéma. »
Propos recueillis par Natacha Le Jort
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