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De Paris à Monterrey (Mexique)

Hélène a exercé plusieurs métiers en France : conseillère de vente en accessoires, assistante d’éducation, infirmière ou encore directrice adjointe de crèche avant de s’expatrier au Mexique. Elle donne aujourd’hui ponctuellement des cours de français à de jeunes adultes mexicains…
Peu d’opportunités professionnelles
Cette jeune femme de 30 ans mariée à un Mexicain vit à Monterrey, capitale de l’Etat de Nuevo Leon : « les opportunités professionnelles pour une Française à Monterrey, la ville où je réside au Mexique, sont relativement limitées, même en possédant un Master en commerce international mexicain. Le secteur de Monterrey est largement industriel, or je ne suis pas ingénieur. Il existe un cluster médical mais sans recommandation de quelqu’un, il est difficile d’obtenir un poste. »
Hélène s’est engagée dans d’autres activités : un blog (qui porte principalement sur l’expatriation et la découverte du Mexique), l’écriture, des études à distance et la rédaction d’articles de voyages en freelance. Elle revient en quelque sorte à « ses premiers amours », à savoir l’écriture et la culture.
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Le goût de l’expatriation
Hélène a toujours aimé voyager, fascinée par tout ce qu’on peut expérimenter dans un autre pays : différences linguistiques, culinaires, météorologiques, culturelles… « C’est d’une richesse infinie. Je me suis finalement expatriée au Mexique, j’avais soif de découvertes et de challenge. »
En effet, quand Hélène est partie au Mexique, elle était vraiment « vierge » de tout, elle n’avait aucune idée particulière de ce qui l’attendait, c’était l’inconnu total. « Au fond, j’éprouvais un sentiment heureux à l’idée que je ne savais rien et que j’allais tout découvrir. »
Ce qu’elle préfère au Mexique
- La gentillesse des Mexicains qui accueillent à bras ouverts. Il n’est pas difficile de s’intégrer.
- Le climat : il fait beau la plupart du temps.
- La beauté du pays. C’est un immense territoire qui offre différents visages : mer, désert, montagnes…
- La capacité à relativiser et prendre du recul : en France, on a parfois tendance à dramatiser.
- L’atmosphère « festive » et positive : les Mexicains trouvent toujours prétexte à faire la fête et célébrer quelque chose.
- La poésie des mariachis.
Ce qui lui plait moins
« Je suis très sensible aux inégalités sociales et au Mexique elles sont importantes. La classe moyenne est tout juste émergente et beaucoup de gens vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Les soins coûtent très chers et les hôpitaux publics ont si peu de moyens qu’ils fournissent un service de santé bancal, dans des conditions difficiles. Je vis à Monterrey, attenante à la commune de San Pedro qui est l’une des villes les plus chères d’Amérique latine : le contraste y est donc encore plus flagrant. Enfin, il y a bien sûr le manque des amis et de la famille restés en France. »
Comment a réagi son entourage ?
« Mes proches ont réagi très différemment mais rares sont ceux qui m’ont vraiment soutenue, du moins au début : cela a été une aventure solitaire. Certains avaient simplement besoin de temps et sont revenus vers moi par la suite (whatsapp est très pratique). Enfin quelques-uns pensaient que j’étais folle car Monterrey peut se révéler dangereuse : elle apparaît sur la liste « rouge » du ministère des Affaires étrangères. Il est vrai qu’il y a quelques années l’intervention de l’armée fut nécessaire afin d’enrayer la domination des cartels mais c’est aujourd’hui plus calme. On entend beaucoup de choses dans les médias, généralement que les négatives, mais lorsque des membres de ma famille m’ont finalement rendu visite, ils ont pu voir par eux-mêmes que la réalité est loin d’être aussi noire que le décrivent les médias. »
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L’expatriation ne mène pas forcément à la réalisation de soi
Hélène pense qu’au-delà des points matériels, la vraie question à se poser est : Pourquoi je veux partir et y suis-je prêt ? Il y a une grande différence entre faire un voyage et s’expatrier. La distance n’efface pas les conflits non résolus. Il faut donc vraiment prendre le temps de s’interroger sur ses motivations profondes : « Bien que l’expatriation soit désormais largement promue, elle ne serait être un gage de félicité. Et elle n’est pas pour tout le monde. Nous ne sommes pas tous faits pour les mêmes projets, nous n’avons pas tous les mêmes aspirations, et c’est très bien ainsi parce que sinon le monde serait vraiment ennuyeux. »
La routine, Hélène n’aime pas ça. Elle s’amuse d’ailleurs à citer Paul Coelho : Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, je vous propose d’essayer la routine… elle est mortelle.
Un dernier mot d’Hélène
Je pense que l’expatriation est une formidable aventure mais c’est une expérience qui peut aussi se révéler difficile. Même avec la plus grande des motivations, il y aura toujours des coups de blues et c’est normal. Si l’on ne part pas avec un plan vraiment établi (ex : mutation par son entreprise), il se peut qu’on ne trouve pas si facilement du travail, qu’on ait du mal à s’intégrer… Il est donc nécessaire d’être ouvert et prêt à faire d’autres choses auxquelles on n’aurait pas forcément pensé. L’expatriation, bien qu’elle remette parfois en question nos projets de vie, peut se révéler source d’opportunités. Il faut savoir les voir et les saisir.
Propos recueillis par Djiba Diallo
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