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De la relation commerciale au digital

Après avoir été 13 ans dans la relation commerciale, Christine Vincent-Giuliano prend un tournant décisif en décidant de se reconvertir dans le digital. Cette maman de 36 ans envoie balader son poste de chargée clientèle dans une mutuelle pour retourner sur les bancs de l’école.
Zoom sur une reconversion dans le digital
Christine Vincent-Giuliano a « toujours aimé la relation client » et occupe le poste de chargé de clientèle quand l’envie de se reconvertir et de changer de métier se fait de plus en plus pressante. Mais alors, vers quoi se tourner ? « J’avais envie de m’éclater », confie-t-elle.
Tandis qu’elle regarde une émission de télévision sur le numérique, l’idée la frappe : c’est dans le digital qu’elle souhaite se reconvertir. Mais comment faire ? Indépendante, elle se tourne vers une formation en autodidacte via des Mooc et deux formations à l’INFA pour apprendre les règles du codage, du graphisme ainsi qu’une formation de concepteur-web.
Mais Christine ne s’arrête pas là et décide de reprendre ses études à l’université, d’abord en réalisant une année de Licence professionnelle en projet digital, puis en poursuivant avec un Master 360° Digital à Sup de Web à Marseille. Pour Christine, il faut vraiment s’engager sur 3 ans d’études quand on souhaite se reconvertir dans le digital, car la licence à elle seule ne suffit pas : « Il faut digérer le monde du web et le comprendre, ce n’est pas en un an qu’on apprend. »
Le marketing digital : un métier jeune et de passion
A 36 ans, le plus étrange pour Christine a été de retourner dans une salle de classe des années après l’avoir quittée. Qui plus est, quand celle-ci est peuplée d’étudiants âgés entre 18 et 22 ans, on peut imaginer le léger décalage qui peut s’installer : « C’était un peu bizarre de se retrouver avec des jeunes, mais c’était super bien. »
Et si Christine essaie d’abord de se faire toute petite, c’est une grande communauté qui s’apparente presque à une famille qu’elle rencontre. Le digital c’est un « métier de passion ». L’entraide et le partage des bests practices est de mise entre les différents professionnels du monde du web.
Le digital est un univers en perpétuelle évolution et il est impératif pour Christine d’effectuer une vieille afin d’être informé des évolutions et des dernières innovations technologiques et ainsi actualiser ses compétences. Cela est d’autant plus vrai quand on n’est pas un digital native, car ces jeunes nés le nez dans un écran d’ordinateur ont plus de facilités : « Les millennials sont, de manière générale, plus à l’aise avec l’environnement numérique. »
Mais Christine reste positive, car c’est aussi grâce aux étudiants qu’elle a acquis de nombreuses connaissances pendant sa reprise d’études : « Les étudiants de ma promo Sup de Web m’ont autant apporté que les intervenants qui nous faisaient cours » La mixité générationnelle pourrait être une clef essentielle à l’enrichissement de ses connaissances !
Quelles ont été les difficultés de la reconversion ?
L’âge arrive en premier, mais davantage en termes de connaissances et de compétences, car n’étant pas née le nez dans l’écran d’un ordinateur comme ses camarades de Master, Christine a dû redoubler d’efforts pour apprendre, même si ses formations en amont lui ont été utiles. Puis, en un sens, lors de sa recherche de contrats professionnels ou de stage, Christine a su gagner la confiance des recruteurs, notamment par son expérience dans le monde travail et l’assurance qu’elle en a retenue.
L’aspect financier est également à considérer car reprendre des études coûte cher. Cela demande donc beaucoup de temps, d’organisation et d’efforts.
Le regard de l’entourage par rapport à sa vie de famille a été une source de difficulté. Christine a été surprise de se sentir jugée en tant que mère lorsqu’elle a annoncé vouloir reprendre ses études. Heureusement, avec le soutien de sa famille et une bonne dose d’enthousiasme, Christine a poursuivi son projet !
La culpabilité a aussi été un obstacle à franchir. Parallèlement au regard de ses proches, Christine se reprochait de ne pas être suffisamment présente pour sa vie de famille. Le fait de reprendre ses études a été lourd à porter, un voile de pression supplémentaire venant s’ajouter à l’appréhension d’un changement de situation : « Je dois réussir afin que les sacrifices pour cette reconversion ne soient pas vains », se disait-elle.
Selon Christine, ces questions sont plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes, car le poids de la famille pèse culturellement moins sur leurs épaules. En revanche, elle note que cette tendance est en train de changer et plus spécifiquement chez les jeunes.
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Les conseils de Christine pour réussir dans le digital : « Mettre les mains dans le cambouis »
- Faire une énorme veille pour suivre les innovations digitales ;
- Etre présent sur le web : créer un site web, un blog, être sur les réseaux sociaux professionnels ;
- Savoir se vendre et se comporter comme une « marque » ;
- Ne pas se décourager jusqu’à trouver sa place ;
- Pour les Digital Natives, viser les start-up car « le mode de management de ces entreprises est plus adapté à cette nouvelle génération de salariés. »
Etre une femme dans le digital
D’après les observations de Christine, il y a en effet une prédominance masculine dans les branches du codage et du développement. En revanche, le secteur du marketing digital et de la communication est bien plus paritaire. Un « Gender Scan » de Global Contact affirme que seulement 28 % des salariés du numérique sont des femmes.
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Pour Christine, ce serait parce qu’on a « trop longtemps considéré que les garçons étaient plus forts dans le technique et les maths », alors que les filles auraient plus d’appétences pour « l’écriture et la littérature ». De fait, « on ne se sent pas à notre place. Nous n’avons pas confiance en nous et nous n’osons pas ». Dans l’idéal, « il faudrait sensibiliser les filles dès le plus jeune âge et leur donner plus confiance pour aller vers les métiers scientifiques, techniques et du numérique. »
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Les conseils de Christine quand on est une femme qui veut se reconvertir
- Ne pas culpabiliser : « Je culpabilisais car j’osais avoir des ambitions professionnelles qui nécessitaient des sacrifices. Avec la reconversion, j’ai appris à lâcher du lest. »
- Pour les femmes de 30 ans et plus, ne pas craindre de se retrouver en classe avec des « jeunes » : « Les étudiants de ma promo étaient bienveillants et nos échanges étaient très prolifiques. De véritables pépites ces jeunes ! »
- Et enfin : « J’ai une pensée pour celles qui n’ont pas la possibilité d’effectuer une reconversion car on passe 80 % de notre temps au travail, alors autant s’éclater. »
Et après ?
Après avoir été Chef de Projet Digital à l’Institut Paoli-Calmettes (Centre de cancérologie), Christine décide de partir afin de privilégier la relation avec les clients. Elle est actuellement consultante en marketing digital en freelance pour les agences Simplement.me et Motivart, dont les gérants sont ses anciens camarades de classe.
Mais ce n’est pas tout, à 41 ans, Christine souhaite évoluer vers un poste à responsabilité avec du management. Devenir responsable digital, tel est son but !
Et malgré quelques heures de sommeil sacrifiées, Christine ne regrette rien de son choix de reconversion car, pour elle, cette expérience a été avant tout « passionnante ».
Prêts à vous reconvertir ? Le digital n’attend que vous.
Propos recueillis par Maelys Léon