Des Vosges au pôle Sud

 1 MIN

Fabrice Morel, 50 ans : « Je suis parti travailler comme cuisinier en Antarctique, c’est une expérience incroyable, forte et inoubliable. »

Des expériences professionnelles extraordinaires sur les îles perdues du sud de l’océan indien

Cuisinier au pôle SudFabrice a notamment travaillé dans les châteaux, les palaces, puis avec un copain dans un restaurant gastronomique dans les Vosges. Il en avait assez de travailler 12 heures par jour et les week-ends ; il a tout quitté à 3 reprises pour un CDD de cuisinier au pôle Sud. Direction Crozet, les îles Saint Paul et Nouvelle-Amsterdam. Il revient pour nous sur ces expériences qui l’ont marqué à vie.

« C’est la claque émotionnelle, visuelle… On ne va pas là-bas que pour gagner de l’argent. Ce sont des moments de partage qui restent dans les mémoires. »

Au départ, les candidats à cette expatriation temporaire en Antarctique sont choisis par des médecins et des psychologues. « Il faut être prêt mentalement et professionnellement à vivre des choses parfois compliquées. C’est extrême avec peu de confort, même si l’on avait une bibliothèque, une salle de cinéma, un boulanger qui faisait des croissants tous les matins, du chauffage, de la lumière… et un cuisinier ! Ce n’est pas facile tous les jours. Des groupes se forment : un groupe qui dit toujours oui, un autre toujours non, un 3e qui est neutre. »

 

Comment vivre dans un espace clos avec 20 personnes et comment on se comporte ?

« On voyait l’évolution : au début tout va bien, puis ce n’est pas si évident que ça. Dès la première semaine vous avez déjà une situation sociale qui montre que quelqu’un est chef de district, un autre une grande gueule ; on retrouve tous les travers de la société actuelle, c’est amusant à vivre. Ça fait avancer dans la réflexion et la vie de tous les jours. »

Sur la base, la personne la plus importante c’est le cuisinier/pâtissier

Un électricien, un frigoriste et un mécanicien étaient présents en permanence, mais le cuisinier, c’est le baromètre de l’humeur. « Si un repas ne leur plait pas, vous en entendez parler pendant un an. Vous faites mal à manger, les autres sont sans pitié !  Le repas, c’est un moment de plaisir. A table, ils n’avaient pas le droit de s’engueuler. »

Base antarctique

Comment supporter le froid ?

« On passe beaucoup de temps à l’intérieur, c’est chauffé (sauf Amsterdam, climat subtropical avec des températures qui peuvent monter jusqu’à 10-12 degrés). J’ai découvert le froid, j’ai adoré les paysages, les animaux. Il n’y a pas d’arbres, très peu de flore. Vous vivez le froid : vous vous habillez et vous apprenez à faire les choses quand il fait très froid. Lorsque par exemple vous partez marcher 8 à 9 heures avec les ornithologues et les chercheurs. Dans ces endroits extrêmement libérés de la civilisation, on retrouve des sensations qu’on a perdues, et l’on découvre des choses nouvelles avec des scientifiques. »

Lire aussi >> Environnement : 20 métiers qui recrutent

Fuir la pollution de la vie moderne

Fabrice a bu la meilleure eau de la planète, il a mangé du poisson bleu, touché un grand albatros, nagé avec les otaries… Il aime d’ailleurs s’en amuser : « Connaissez-vous la différence entre un manchot et un pingouin ? Le manchot nage et il est au sud. Le pingouin est dans l’hémisphère Nord et il vole. »

royaux

La sensation de voir quelque chose d’unique

« Vous travaillez, vous participez aux missions à la recherche, mais pas grand-chose à faire sur place. Vous passez beaucoup de temps à regarder l’océan et la vie qui passe, il faut être prêt à le faire. Aller là-bas, c’est une vraie démarche… Aujourd’hui, ils ont Internet. »

Le risque de dépression est réel (suite par exemple au décès d’un proche ou en cas de divorce). Il faut ensuite se réadapter à la France. Mais « tous ceux qui y ont été, même ceux qui n’ont pas apprécié l’endroit, sont marqués, ça a transformé leur vie. Si ça ne tenait qu’à moi, je repartirais ! ».

Fabrice a gardé quelques contacts de ces voyages extrêmes et certains sont devenus des amis. Se rendre au pôle Sud comme touriste est plus onéreux. Sa conclusion : « Envie d’aventure, de sensation, d’émotion ? N’hésitez pas ! »

plouf

Plein de ressources, Fabrice a une nouvelle passion : les jeux de société. Il en crée et rêve secrètement d’en commercialiser un jour. Encore une histoire de partage !

Propos recueillis par Natacha Le Jort

Lire aussi


> Pénuries de main-d’œuvre au Canada
> Pâtissiers, mécaniciens, vétérinaires… L’institut polaire recrute !
NVP_admin

Rapporté par L'équipe Nouvelle Vie Pro

Partager ce témoignage :
D'autres témoignages
De consultante à professeure des écoles en éducation prioritaire
De consultante à professeure des écoles en éducation prioritaire
Tiphaine : "Enseigner est une aventure extraordinaire. C’est une expérience transformante pour ses élèves et pour soi."
Lire le témoignage
De journaliste chez TF1 à coach et praticienne PNL, de Paris à St Malo
De journaliste chez TF1 à coach et praticienne PNL, de Paris à St Malo
Karine : « On a juste pris le risque de vivre la vie à laquelle on aspirait »
Lire le témoignage
D'acheteuse dans l'industrie à éducatrice Montessori
D'acheteuse dans l'industrie à éducatrice Montessori
Fanny, 31 ans « Je me suis dit tu ne perds rien à essayer, mais tu perds tout à rester là où tu es »
Lire le témoignage
D’Instagram à l’architecture d’intérieur
D’Instagram à l’architecture d’intérieur
Après plusieurs expériences professionnelles dont 20 ans passés dans la communication, Mélanie 43 ans, a récemment pris une décision qui va changer sa vie.
Lire le témoignage
De l'agro-alimentaire au mentoring professionnel
De l'agro-alimentaire au mentoring professionnel
Après une carrière au sein d’entreprises agroalimentaires, Stéphanie décide à presque 50 ans de se reconvertir dans l’accompagnement professionnel des femmes leaders.
Lire le témoignage
De l'informatique à la data science
De l'informatique à la data science
Après plus de 15 ans dans le domaine de l'informatique, Eric décide de se reconvertir dans la Data Science, un domaine qui le fascine, mais qui lui permet surtout de se renouveler et de retrouver une motivation professionnelle qu'il avait perdu. Témoignage.
Lire le témoignage
De loueurs de matériel à fabricants de balais
De loueurs de matériel à fabricants de balais
Marie-Laure et Arnaud Gabriel, décident, à 53 ans, de se lancer dans un métier en voie de disparition : balaitier, qui est inscrit au registre des métiers d’art rare de France. Découvrez le parcours de ce couple aussi passionné par son projet que par le désir de développer l'artisanat français local.
Lire le témoignage
De la fonction publique à la restauration responsable
De la fonction publique à la restauration responsable
Après un burn-out, Damien décide de s'investir dans des associations pour enfin trouver sa voie au niveau professionnel. Un pari réussi, puisqu'il décide à 34 ans, de suivre son instinct et de se reconvertir dans un secteur qui le passionne : la restauration responsable.
Lire le témoignage
De commerciale à sophrologue
De commerciale à sophrologue
Après 15 ans en tant que commerciale dans les médias et un burn-out, Vanessa réalise qu'elle peut changer de vie : elle décide d'affronter ses peurs et de réaliser ses rêves , pour devenir sophrologue et masseuse. Un parcours inspirant à découvrir.
Lire le témoignage
De la communication à l'éducation des Jeunes Enfants
De la communication à l'éducation des Jeunes Enfants
Après des années dans le milieu de la communication, Aurélie décide de réaliser son rêve de toujours : travailler avec les enfants. Découvrez son parcours, ce qui l'a amené à passer le cap et ses 3 conseils pour réussir votre reconversion professionnelle.
Lire le témoignage
De l'Art à l'entrepreneuriat
De l'Art à l'entrepreneuriat
Aventurière et résiliente, Camille a, après des études en Arts et de nombreux voyages, décidé de se lancer dans l'entrepreneuriat en créant son propre blog Hola Eczéma. Ce projet vise à accompagner les personnes atteintes d'eczéma, en proposant des expériences (groupes de paroles, programme en ligne) pour rendre cette maladie plus facile à vivre au quotidien.
Lire le témoignage
Du Parlement européen à la photographie
Du Parlement européen à la photographie
A 25 ans, Célia a déjà passé le cap de la reconversion professionnelle : après une première expérience dans le domaine de la communication politique, elle réalise que la vie dans le bureau et les rythmes de travail intenses (voyages hebdomadaires) ne lui convenaient pas. Aujourd'hui, elle se consacre pleinement à sa passion, qu'elle a développé lors du confinement : la photographie.
Lire le témoignage
La rédaction vous conseille

2023 Tous droits réservés