- Changer d'emploi
- Devenir indépendant
De Paris à Dublin

Expatrié à Dublin, Thomas Bertin quitte son poste de salarié en tant que développeur web dans une société irlandaise pour se mettre à son compte en tant qu’auto-entrepreneur et lancer le site budgetbanque.fr qui permet d’informer le public sur tout ce qui tourne autour de l’argent.
Un jeu de cartes made in France pour apprendre l’argent aux enfants
Etant par ailleurs père de deux enfants, Thomas se demandait comment faire pour initier les jeunes enfants à ce domaine, à travers un système d’échange de billets en recréant des situations réelles de la vie quotidienne. C’est comme cela qu’il a eu l’idée de créer un jeu de société pour jouer en famille et initier les enfants aux bases de l’argent de manière très ludique.
Le jeu s’appelle « BUDGIX » et sera commercialisé en juin 2019.
« Comme j’aime les challenges et être occupé, j’ai décidé de gérer moi-même l’édition et la commercialisation du jeu. »
Quel a été le déclic de votre expatriation ?
Thomas Bertin : Avec ma femme qui est professeur des écoles, nous avons décidé de donner la chance à nos enfants d’apprendre l’anglais dès le plus jeune âge. Nous avions appris l’anglais à l’école mais notre niveau était ridiculement faible. En France, les professeurs des écoles ne sont que très peu, voire pas, formés à l’anglais et doivent pourtant apprendre cette langue à leurs élèves. Après avoir lu plusieurs articles sur l’apprentissage des langues par les enfants, nous nous sommes dit que nos enfants avaient l’âge parfait (3 et 5 ans) pour intégrer plusieurs langues.
Lire aussi >> Comment faire un CV en anglais ?
Nous voulions aussi découvrir une autre culture. Nous avons donc cherché un pays anglo-saxon. Nos principaux critères étant de ne pas trop s’éloigner de la France pour rester près de notre famille et de nos amis, nous avons hésité entre l’Angleterre, l’Irlande et Malte. Au final nous avons choisi l’Irlande car nous aimons bien sa culture et le fait qu’il y ait pas mal de sociétés dans mon secteur professionnel, le web.
Ce que vous préférez dans ce nouveau pays ?
Thomas Bertin : Ce pays m’a séduit par la gentillesse de ses habitants et ses paysages. C’est un pays à taille humaine mais aussi l’un des pays les plus développés du monde. Très riche culturellement : pub, danse irlandaise, légendes…
Bien que l’Irlande soit à seulement une heure d’avion de Paris et que ce pays appartienne à l’Europe, dans les faits la culture est plus proche de celle des Etats-Unis que de la France. Tout le pays est fan de sport (sports gaéliques, rugby, football…) et toutes les occasions sont propices à faire la fête : Halloween, Noël, Pâques, la St Patrick qui est la fête nationale, la Saint-Valentin qui fête ici l’amour que l’on porte à tous nos proches en général. Par ailleurs la notion de charité et de don fait partie des gènes irlandais.
Ce qui vous manque par rapport à la France ?
Thomas Bertin : La principale chose qui me manque de la France, outre la famille et les amis, c’est la nourriture ! Même si on arrive à acheter du camembert ou d’autres fromages importés de France, il est difficile de les accompagner avec une bonne baguette. Et même si les plats traditionnels irlandais comme l’irish stew ou le sea food chowder sont très bons, les plats français me manquent.
Une autre chose qui me manque est d’assister à des concerts français. Je suis fan de chansons françaises mais aucun artiste français ne vient chanter ce genre de chanson à Dublin.
Comment a réagi votre entourage en apprenant votre départ ?
Thomas Bertin : Mes parents n’étaient pas très contents d’apprendre que nous avions décidé de partir. Ils voulaient profiter de leurs petits-enfants. Maintenant ils viennent souvent nous rendre visite et aiment bien le pays. Nos amis aussi.
Lire aussi >> Réussir son expatriation en famille
Qu’auriez-vous aimé savoir au moment de votre expatriation que vous ignoriez et que vous savez maintenant ?
Thomas Bertin : Que les bons collèges, surtout là où on habite, au sud de Dublin, sont privés et payants. Entre 4 500 et 7 000 € l’année. Il n’y a pas de cantine à l’école : il faut préparer tous les repas ! Les enfants finissent l’école à 14h30 tous les jours.
Que les impôts pour les particuliers sont plus élevés qu’en France, contrairement à ce que l’on peut entendre (en revanche les impôts sur les sociétés sont beaucoup plus favorables en Irlande).
Que les Irlandais sont des gens très chaleureux mais que les rapports sociaux sont différents de ceux en France. Il est rare par exemple entre Irlandais de s’inviter à dîner à la maison. Ils préfèrent sortir dans les pubs ou aux courses de lévriers.
Qu’en hiver il fait nuit à 16h15 !
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait s’expatrier dans ce pays ?
Thomas Bertin : L’Irlande faisant partie de l’Europe, il est très facile de s’y installer et d’y travailler.
En arrivant il faut juste demander ce que l’on appelle un PPS Number. C’est l’équivalent du numéro de sécurité sociale en France. Il permet de louer un appartement et de travailler.
J’ai tendance à dire que le soleil est présent tous les jours en Irlande mais qu’il pleut aussi tous les jours, en 30 minutes un beau ciel bleu peut devenir gros et s’accompagner de pluie. Du fait de son caractère insulaire et du vent, on peut avoir les quatre saisons en une seule journée en Irlande.
Dublin manque considérablement de logements et le montant des loyers est exorbitant. Même si les prix à l’achat sont toujours plus bas qu’en France, les loyers sont plus élevés à Dublin qu’à Paris. Les transports en commun sont aussi plus chers qu’à Paris.
Enfin il faut prendre une assurance santé privée car il n’y a pas le même système de sécurité sociale qu’en France. Pour information, une visite chez le médecin généraliste tourne autour de 60 €.
Lire aussi >> Les Français préfèrent s’expatrier en Europe
Un premier bilan concernant votre expatriation ?
Thomas Bertin : Cela fait maintenant 3 ans que nous sommes installés en Irlande et nous sommes très contents d’avoir eu le courage de tenter l’expérience. Les enfants sont très bien intégrés. Ils sont bilingues et font même des activités typiquement irlandaises comme de la danse irlandaise ou du football gaélique. Nous vivons au sud de Dublin, une capitale européenne, nous sommes à 5 minutes à pieds de la mer, et notre qualité de vie est vraiment supérieure à notre vie d’avant au sud de Paris.
En amenant ses enfants au parc, Thomas a rencontré un autre Français expatrié et ils développent ensemble des outils pour aider les radios musicales à améliorer leurs sites internet. Feel good ● Feel irish !
Et bientôt une virée à Paris pour le festival Paris ludique.
Propos recueillis par Natacha Le Jort
Des expériences de personnes qui ont changé de métier à la trentaine