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D’enseignante à infirmière

Après une licence de Lettres et l’obtention du CAPES, Cécilia Castelli exerce le métier d’enseignante durant sept ans avant de se reconvertir comme infirmière. En ce mois de janvier, elle publie même son premier roman, intitulé Mollusque. Un parcours atypique !
Des Lettres à l’hôpital
Ex professeur de français dans différents lycées, notamment à Toulon et Lyon, Cécilia Castelli est toujours fonctionnaire mais travaille désormais à l’hôpital public en tant qu’infirmière, à Ajaccio, sa ville d’origine : « Pour cela, j’ai dû passer le concours à l’IFSI et suivre trois années de formation alternant stages en milieu professionnel et cours à l’école. Le fait d’effectuer des stages de plusieurs semaines permet de ne pas se sentir dans un cadre purement scolaire. »
Lors de sa formation, Cécilia rencontre beaucoup d’étudiants qui sont comme elle en reconversion ; elle est donc loin d’être la plus âgée. Certaines personnes sont issues de secteurs très différents, tels que la banque ou les assurances.
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Journée type d’une infirmière
Cécilia Castelli effectue quelques journées de 12 heures par semaine, parfois le week-end : « Les journées sont intenses mais cela permet d’avoir plus de temps libre à côté. Je suis dans un service qui accueille 22 patients, souvent avec de lourdes pathologies. Il existe une forte solidarité au sein de l’équipe soignante et nous créons facilement des liens avec les patients et leur famille. C’est un métier difficile mais riche en émotions et très satisfaisant. C’est une perpétuelle remise en question et un apprentissage permanent, tant sur le plan médical que sur les relations humaines. »
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Elle ne se voyait pas rester devant une classe toute sa vie !
Son métier de professeur était aussi intéressant mais trop prenant, difficile de couper le soir, alors qu’à l’hôpital il lui suffit de retirer sa blouse et de se changer.
« Certes, un professeur certifié ne passe que 18 heures par semaine avec les élèves (ce qui est en réalité beaucoup et demande un effort de concentration maximum) mais il y a aussi tout ce que l’on fait à côté : les réunions, les préparations des cours et surtout les longues corrections de copies. Il me semble que c’est cet aspect-là qui me plaisait le moins, passer mes soirées et mes week-ends entiers à corriger. On ne décroche jamais réellement. Même en vacances, je partais avec mes copies sous le bras. »
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Le jour où tout a basculé
Cécilia a d’abord eu la chance de prendre deux ans de disponibilité pour voyager. C’est à son retour, pensant reprendre ses fonctions, que tout lui semble évident : « Rentrée des professeurs, longue réunion avec les statistiques de réussite au bac et les programmes modifiés… Je me suis dit que je n’étais plus à ma place, j’avais très envie de renouveau. »
Le déclic de se reconvertir ne s’est pas fait du jour au lendemain
Cécilia donne sa démission avant même de savoir ce qu’elle veut faire d’autre : « C’était une grande prise de risque mais je savais que c’était le bon moment. J’ai passé deux mois à réfléchir, ma famille était inquiète mais ils m’ont soutenue. Puis le métier d’infirmière s’est imposé à moi. Ayant toujours aimé en plus de la littérature, les sciences, la biologie et désirant avoir un autre rapport avec les gens, j’ai décidé de me préparer seule au concours. Je craignais surtout de ne pas être vraiment acceptée, passant du milieu des Lettres au milieu médical. Or, au contraire, j’ai obtenu d’excellents résultats lors des oraux et ai été très bien accueillie dans les milieux de stage. »
En effet, les équipes apprécient son expérience, sa maturité et son rapport avec les patients.
Et aujourd’hui ?
Cécilia déclare se sentir parfaitement épanouie dans son nouveau métier « même s’il ne faut pas se leurrer », les conditions de travail ne sont pas toujours au rendez-vous. Elle apprécie aussi la possibilité de pouvoir changer de service, de lieu d’exercice, de pouvoir se former tout au long de sa carrière. Cécilia a besoin de challenge.
« Lorsque j’en parle, je remarque que beaucoup de personnes envisagent ou ont déjà envisagé une reconversion. Je leur conseillerais de bien se renseigner sur leur futur métier puis de foncer. De nos jours, la reconversion professionnelle est de plus en plus perçue comme un atout, on peut facilement transposer ses connaissances d’un domaine à l’autre. Il faut savoir aussi pourquoi on se reconvertit : salaire, horaires, bien-être. Et surtout chercher ses propres valeurs pour trouver un métier qui s’en rapproche le plus. »
Un premier roman pour le premier mois de l’année
Pendant ses études d’infirmière, Cécilia Castelli s’est mise à écrire de la fiction et cela donne un roman, plein de métamorphoses et de cocasserie, Mollusque, paru en cette rentrée littéraire de janvier (éditions du Serpent à Plumes). Un retour aux Lettres ?
Propos recueillis par Natacha Le Jort