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De consultante informatique à l’humour

Badaboum ! Lucie Carbone débarque sur scène dans un tourbillon de chutes et de rebondissements comiques. Cette ancienne consultante en informatique a décidé de tout envoyer valser pour renouer avec ce qui la fait vibrer : l’humour. Ni une ni deux, micro en main, elle sort Badaboum, un spectacle questionnant la désillusion et le passage au monde adulte. Amour, travail, famille, tout le monde a connu un badaboum. Le meilleur est encore d’en rire ! Découvrez son témoignage et sa surprenante reconversion.
Hypokhâgne, Khâgne, Sciences Po… one woman show !
Même si elle a fait une overdose de latin, Lucie Carbone s’est passionnée pour ses études. Ses deux années de classe préparatoire (Hypokhâgne et Khâgne en lettres et sciences sociales) ont été un véritable « bain de culture » nécessaires à son épanouissement et ça se sent !
Elle passe ses journées à étudier et à lire ; une stimulation quotidienne qui lui a manqué dans le monde du travail.
« Quand j’ai commencé à travailler, ça m’a manqué de lire de tout et n’importe quoi, prendre le temps du vagabondage intellectuel. Je n’étais pas si remuée que ça au travail. »
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Après avoir obtenu le concours, Lucie rejoint les bancs de Sciences Po où elle s’engage dans diverses activités comme la Junior Entreprise et l’association Terra Nova. Elle organise ainsi plusieurs évènements et se dirige alors plutôt vers une carrière en communication.
Mais comme toutes les bonnes choses ont souvent une fin, voilà Lucie partie pour gravir les montagnes du monde du travail. Elle intègre alors un cabinet de conseil en informatique dans lequel va rester 4 ans avant de rejoindre le service informatique de Total pendant un an et demi.
Crédits photos : Claire Maurel
Trop d’informatique tue l’informatique, Lucie a dû apprendre sur le tas et se former elle-même en pratiquant : « La meilleure expérience qu’on se fait, c’est sur le terrain. »
Malgré les pieds bien ancrés dans les bottes du CDI, Lucie était-elle vraiment heureuse ?
Tout envoyer valser pour suivre sa passion
Lucie Carbone n’a pas échappé au cercle vicieux du métro, boulot, dodo : « Je rentrais du travail et j’avais envie de rien faire. »
Mais, depuis toujours passionnée par l’humour, elle monte en parallèle sur scène pour tester ses sketches et exercer ce qu’elle considère alors seulement comme un loisir.
Comment fait-on pour aller jouer ses textes lorsqu’on débute ?
« A Paris, il existe beaucoup de plateaux d’humour pour les premières scènes, des « open mic ». Pour tester ses sketches, c’est top. »
A cheval entre sa vie professionnelle et sa passion qui commence à prendre de plus en plus de place, le choc des envies est inévitable : « D’un côté, je n’étais pas du tout épanouie dans mon travail, voire j’étais en situation de mal-être, et de l’autre j’avais le stand-up qui montait, montait. A la fin, les deux se sont confrontés. »
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C’est donc décidé, libération et émotion, Lucie quitte son emploi fin août 2019 pour se lancer à 200 % dans l’humour et le stand-up.
Lucie Carbone est fan de…
- Louis de Funès
- Muriel Robin
- Les Inconnus
Est-ce que ça fait peur de se lancer ?
« C’est hyper flippant et personne ne te dit de le faire. Mais peu importe où ça va, à ce moment j’avais envie de le faire et c’est dommage de rester et de risquer la dépression. »
Le plus important, dans une reconversion professionnelle selon Lucie, c’est l’expérimentation : « Prévoir en amont c’est optimiser ses chances pour que son projet soit pérenne. » Il faut donc tester, tester et encore tester la nouvelle activité souhaitée avant de tout envoyer valser. La reconversion doit se faire de manière intelligente.
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L’expérimentation permet aussi de faire des rencontres, élément essentiel pour gagner en assurance : « Les rencontres sont importantes car c’est ce qui donne confiance en son projet. En parler permet de dédramatiser la situation. Ce n’est pas impossible et ça peut se faire. »
Et tes premières scènes alors, c’était comment ?
« La première scène était très cool, 10-15 personnes et il y avait d’autres humoristes qui se lançaient. L’ambiance était bienveillante. La deuxième en revanche était une horreur. C’était un plateau d’humour avec plusieurs humoristes, certains étaient rôdés et j’ai décidé de faire une impro sur scène… Mais je n’avais pas encore le bagage pour le faire, je me suis perdue et c’était une catastrophe. »
Comment réagir face à l’échec ?
« L’échec doit motiver, ça te donne toujours envie de refaire. Tu sais que tu as envie de faire de la scène quand tu as envie de remonter dessus. » Et si ça ne marche pas ? Lucie déteste cette question si souvent entendue : « La reconversion sera toujours une jolie expérience de vie, même pour rebondir dans un autre emploi. »
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Badaboum! Le one-woman-show de Lucie Carbone
Badaboum, c’est l’idée d’une chute et d’un rebond, l’idée que tant qu’on a de la vie, on a de la chance : « On a toujours le choix d’avancer ou non, il n’y a pas de fatalisme. »
Badaboum, c’est une aventure qui aura mis un an pour se décider…
…une aventure de rencontre, notamment avec Matthieu Lemeunier, co-auteur et metteur en scène du spectacle. Ce dernier raconte les chutes et les désillusions qu’on peut rencontrer dans le monde adulte et comment on peut rebondir avec humour.
Comment écrit-on un spectacle d’humour ?
Lucie Carbone : « Ecrire un spectacle d’humour c’est un pèlerinage. Il faut se mettre au clair sur ce qu’on veut (faire rire, divertir…), il y a plein de questions qui se posent. »
Qu’est-ce que tu veux provoquer avec Badaboum ?
« Un questionnement sur ce qui nous arrive, sur qu’est-ce qui fait que je vais mieux ou comment essaie-t-on d’aller de l’avant. »
Quel est ton rapport avec le public ?
« C’est important de se sentir dans le présent, de ne pas répéter son texte de façon automatique, mais de l’incarner. Il faut se dire qu’on va passer un bon moment et être honnête et sincère sur ce que l’on veut faire. »
Les conseils de Lucie pour se lancer dans l’humour
- S’écouter dans son travail, voir comment son état d’âme évolue, avoir un véritable questionnement avant de se lancer.
- Tester, prendre le temps de l’expérimentation : « C’est de l’énergie qu’il faut mettre, il faut faire des choses. Il faut se demander, qu’est-ce qui me plait ? Qu’est-ce qui me met une étincelle dans les yeux ? Est-ce que c’est faire un croissant, écrire un texte, parler avec les gens ? Il faut se reconnecter avec ce qui nous fait du bien. »
Et tes projets pour demain ?
« Continuer Badaboum, le rôder, trouver une production. Puis je fais un plateau d’humour tous les mercredis avec Shirley Souagnon. Je réfléchis aussi à un deuxième spectacle essentiellement centré sur le travail. »
Comment résumerais-tu ta reconversion ?
« Je suis passée du coq à l’âne, mais je pense que j’en avais besoin pour me réveiller. Le monde du travail m’a un peu endormie et j’avais envie de quelque chose de beaucoup plus vibrant. »
Qu’aurais-tu aimé savoir avant de te lancer dans ta reconversion ?
« Que ça allait bien se passer et que ça se faisait dans le temps. Qu’on me dise juste : c’est normal. »
Quelle est ta journée type ?
« Je me lève, j’écris, puis je fais une pause communication. L’après-midi je réécris ou je fais du montage vidéo. Puis, le soir je sors, je vais voir des spectacles, je lis. »
Finalement, Lucie Carbone est bien l’exemple du « quand on veut on peut » et le démontre dans son spectacle qu’elle joue tous les lundis soir à la comédie des 3 Bornes à Paris. Pleine de vie, drôle et bourrée d’optimisme, elle fait la guerre au fatalisme avec Badaboum et assure que, peu importe les chutes, lorsqu’on veut, rien ne peut nous arrêter !
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Propos recueillis par Maelys Léon