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De journaliste à artiste‑entrepreneur

Olivier T. était salarié pendant 14 ans en tant que journaliste radio, mais ce n’était pas spécialement une vocation. Suite à un mini-traumatisme émotionnel, il décide de changer complètement de vie, en mode « bulldozer ». A 33 ans, il devient Eurêka, auteur-interprète de slam. Cet artiste-entrepreneur lyonnais cherche plus le sens que la rime et souhaite attirer les amateurs de rap qui s’ignorent.
L’énergie du désespoir à la source de sa reconversion
Eurêka signe un premier album autoproduit intitulé « Le meilleur pour la fin » et revient ici sur le début de son histoire.
Quel a été le déclic de votre reconversion professionnelle ?
Il y a un an et demi, j’ai vécu une rupture amoureuse extrêmement violente. J’ai eu à ce moment-là deux choix : dépérir ou changer de vie. J’ai choisi la deuxième option ! J’écrivais des textes de slam en amateur depuis mon adolescence, je me suis donc raccroché à cette passion pour survivre.
J’ai commencé par me former assidument pendant deux mois auprès d’un professionnel du secteur musical qui m’a tout appris de l’industrie du disque et du spectacle : ses métiers, ses rouages, ses pièges, ses mœurs professionnelles, ses modes de rémunération. Cette formation, extrêmement concrète, se déroulait sous forme de webinaires interactifs sur Internet et avait l’immense avantage de ne rien cacher des réalités difficiles du marché de la musique, tout en soulignant aussi les moyens pratiques de s’y développer aujourd’hui.
Poussé par la douleur, j’ai mis en application le contenu de cette formation pendant dix mois, jour et nuit, sans relâche, prenant à peine le temps de manger et de dormir… J’ai d’ailleurs fait deux malaises dans mon appartement au cours de cette période ; je n’en tire aucune fierté, mais cela vous montre à quel point j’étais habité par cette rage de réussir.
Dans son dernier clip, Olivier raconte l’histoire d’une reconversion célèbre, qui l’a personnellement beaucoup inspiré et bluffé. Saurez-vous deviner de quelle personnalité française il s’agit ? La réponse, comme d’habitude, est à découvrir à la fin du morceau !
Et vous avez décidé de changer de métier ! La vie de salarié vous convenait-elle ?
Mon ancien métier, soyons honnête, n’avait rien de désagréable. Simplement, ce n’était pas vraiment le mien ! Je commençais par animer chaque matin un magazine d’une heure en direct sur différents sujets de la vie quotidienne (droit, santé, éducation, etc.) en interviewant des experts en plateau. Le reste de la journée se passait à trouver des sujets et des intervenants pour les émissions suivantes.
Comment se déroule votre nouvelle vie d’artiste ?
Il n’y a pas de journée type lorsque vous êtes artiste ! La plus grosse différence avec ma vie d’avant est que je suis vraiment heureux de me lever le matin. Le programme est très variable : un concert à préparer, une séance d’écriture, du démarchage de salles afin de trouver des dates de concert, une séance d’enregistrement chez mon compositeur…
Fête de la Musique 2017 : concert sur la scène de l’Hôtel de Ville de Lyon
Grâce en grande partie au crowdfunding, Olivier monte son propre label de musique (une SASU) : J’ai trouvé Production. Il diffuse ses titres et clips sur le web, se produit en concerts et anime des ateliers de slam dans les collèges et lycées.
Comment a réagi votre entourage ?
Avec inquiétude, forcément ! Mais je me suis davantage focalisé sur les encouragements que je recevais de la part du public. J’ai aussi eu la chance de croiser la route d’un entrepreneur qui m’a dit un jour : « Quand tu veux faire quelque chose, tu as contre toi tous ceux qui voulaient faire la même chose, tous ceux qui voulaient faire le contraire et tous ceux qui ne voulaient rien faire ». Cette phrase m’a aidé à prendre du recul sur certaines réflexions que l’on m’a faites à ce moment-là dans le but de me décourager.
Quel bilan tirez-vous de ce changement de vie ?
En premier lieu, cette vie me rend heureux, et c’est le plus important. Être son propre patron permet d’avoir une certaine liberté pour ce qui est des horaires et de l’organisation de son temps de travail.
Des inconvénients ?
La fatigue et le peu de temps laissé aux loisirs (autres que la musique) et à la vie personnelle.
Eurêka ! Conseils à ceux qui voudraient se lancer et vivre de leur passion
Il ne faut pas perdre de temps à solliciter des partenaires s’ils ne manifestent pas immédiatement un intérêt pour votre projet. Les choses se font si elles doivent se faire. Rien ne sert d’insister si vous essuyez des refus. Mieux vaut se tourner vers des partenaires plus modestes mais plus enthousiastes ! C’est plus efficace et c’est meilleur pour le moral !
A chaque obstacle que vous allez rencontrer, il y a une solution. Elle peut être onéreuse, longue, compliquée, épuisante, mais elle existe. Cela signifie que si vous êtes motivé, il n’y a aucun obstacle qu’il vous est impossible de surmonter.
Propos recueillis par Natacha Le Jort
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