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De salariée à entrepreneure

Après un début de parcours classique (Essec puis direction financière du groupe Pierre & Vacances), Hélène Boulet-Supau décide de tout plaquer. En 2000, elle met fin à une carrière ascendante de salariée pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Entretien avec une femme forte et impliquée qui exprime un vrai tempérament d'entrepreneure…
Changer de cap
Pour Hélène Boulet-Supau, alors qu’elle est à la direction financière du groupe Pierre & Vacances, ce qu’elle fait ne correspondait pas à ce qu’elle a envie de faire. Plutôt qu’un déclic, une prise de conscience progressive lui permet de changer de cap professionnel.
« J’étais directrice, avec un bon salaire, un bureau à deux fenêtres, une assistante, une voiture de fonction ; une belle carte de visite. Mais ça ne me rendait plus heureuse, je n’avais plus envie d’y aller le matin. Il était temps que je réfléchisse à ce que j’avais vraiment envie de faire. La vie de salariée n’était pas la vie qui m’intéressait au fond. C’est bien d’en prendre conscience mais il faut surmonter les difficultés et sauter le pas. »
Une décision qui mérite d’être mûrie. Le rapport à l’argent doit être clair. Il faut accepter de changer de niveau de vie, de renoncer à des vacances…
« En termes de revenus, on passe d’un bon salaire à rien du tout. Ce n’est pas une décision simple. »
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Adieu job salarié !
Hélène Boulet-Supau prend un congé parental qui lui assure un parachute afin de lancer sa propre activité. Dotée de compétences financières d’entreprise fortes, cette mère de 3 enfants aide des amis qui montent leur boite avant de prendre un statut d’auto-entrepreneur en cherchant le projet dans lequel elle pourrait s’impliquer.
« Dans quel secteur d’activité ? Je n’avais pas de projet déterminé. Je voulais changer de vie et avoir mon propre projet d’entreprise. J’ai cherché lequel pendant 2-3 ans puis je me suis associée à une amie styliste dans une marque de prêt à porter (boutiques à Paris, export vers le Japon…) »
Or, 3 ans plus tard, Hélène Boulet-Supau se rend compte que ce n’est pas forcément simple tous les jours et qu’elle ne gagne pas sa vie. Avec 4 enfants et un mari qui rencontre des difficultés professionnelles, elle doit à nouveau faire un choix, et celui-ci sera déterminant.
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L’aventure Sarenza démarre
En 2007, Hélène doit donc choisir entre un job salarié bien payé ou se lancer dans l’aventure Sarenza (vente de chaussures en ligne) avec un vieil ami, Stéphane Treppoz.
« Absolument personne dans mon entourage ne m’a conseillé de choisir Sarenza. C’est justement parce qu’on n’est pas à la place des autres qu’on fait ses propres choix. De fait, j’avais trouvé ma voie ! »
Sarenza devient rentable assez vite, l’entreprise se redresse et tout se passe bien (le chiffre d'affaires bondit en effet de 5 à 200 millions d'euros). Hélène se sent vraiment à sa place dans son rôle d’entrepreneur, plus à l’aise dans un open space entourée de ses collaborateurs que dans un bureau fermé avec une assistante.
« Quand on construit soi-même sa boite, on est bien plus libre de ses choix, de la culture d’entreprise qu’on met en place, de la stratégie qu’on adopte, des gens qu’on recrute. C’est une chance énorme de choisir les gens avec lesquels on va travailler, la manière dont on va travailler. »
Hélène fait beaucoup de sport, surtout du basket : « C’est un sport collectif et, pour moi, construire une entreprise c’est vraiment une aventure collective avec un objectif commun. C’est très stimulant. »
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Equilibre vie pro/vie perso ?
Si Hélène a moins de vacances aujourd’hui et que ses journées sont longues, cela ne l’empêche pas de s’occuper de ses 4 enfants. Elle y consacre ses week-ends et ses congés même si certains banquiers lui ont déjà gâché des vacances !
« J’ai renoncé à une randonnée en canoé parce que je ne savais pas quoi faire de mon ordinateur », lance-t-elle en riant. Car Hélène est quelqu’un de gai. Et le bonheur au travail, elle y croit. Même si ça ne doit pas être une injonction.
« La bonne humeur, j’adore ça. Je me réveille avec le sourire, j’aime être entourée de gens avec le sourire, ça donne de l’énergie. Même si certains jours sont compliqués. »
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Former les équipes à la bonne gestion des emails
« J’explique constamment à mes salariés de ne pas m’envoyer de mails parce que je ne suis pas sur ma boite mails en permanence. Si c’est important et urgent, on m’appelle ! Les emails sont une plaie épouvantable, un mode de communication froid : si plus de 3 échanges, il faut parler. »
Absolument convaincue que des salariés heureux font des clients heureux et, surtout, qu’ils trouvent des solutions, Sarenza a signé la charte pour l’équilibre des temps de vie avec une formation associée quant à la gestion des emails.
« C’est extrêmement sain d’avoir des équipes qui ont des vies personnelles bien remplies. Chez Sarenza, pas de réunion avant 9h du matin et après 18h, sauf exception. »
Quels conseils pour se lancer et changer radicalement de vie professionnelle ?
Hélène cite Sénèque : Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, mais parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles.
« Bien s’entourer est vraiment essentiel. Il faut aussi un peu de chance dans un monde qui change très vite. En entreprise, deux choses importantes : le cash et le client. Tout dépend du secteur d’activité. Se demander chaque jour ou chaque semaine ce qui est important, y mettre toute son énergie et élaguer le reste. »
Diplômée depuis 30 ans, Hélène confie se sentir extrêmement jeune : « Ça va paraître dingue, mais j’ai encore l’impression d’être au début de ma vie professionnelle ! »
Entrepreneure à succès, promue au grade de chevalier de la Légion d'honneur par le ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique, Hélène Boulet-Supau transmet des idées à ses enfants et sa valeur suprême, la liberté. L’aventure continue.
Propos recueillis par Natacha Le Jort
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