Les femmes et l’emploi en 2025
55 % des Français estiment que les femmes et les hommes ne sont pas traités de la même manière au travail. C’est ce que révèle le Baromètre Sexisme Toluna Harris interactive publié en novembre 2024 pour le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE).
Malheureusement, le milieu professionnel reste la branche la plus inégalitaire pour les femmes, devant la rue, les transports et le monde politique (76 % des Français le pensent, c’est deux points de plus qu’en 2022).
Le rapport du HCE remarque une libération de la parole sexiste dans les discours politiques et les médias. Cependant, « les femmes restent invisibilisées et les propos sexistes trop coutumiers, trop peu contrôlés et trop peu contredits ».
La présidente du Haut Conseil parle également de femmes qui deviennent plus féministes et d’hommes plus masculinistes, surtout chez les jeunes.
Par conséquent, il n’est pas étonnant de voir que 6 personnes interrogées sur 10 considèrent qu’il est difficile d’être une femme, un constat approuvé par 94 % des jeunes femmes de 15 à 24 ans.
Les inégalités femmes‑hommes au travail en 2025
Si certaines inégalités reculent, d’autres demeurent. De manière générale, la différence homme-femme est ancrée dans les organisations du travail comme l’écrit l’Anact (agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail).
« Les inégalités trouvent aussi leur source dans des systèmes d’organisation du travail qui limitent l’accès de femmes aux parcours professionnels offrant de meilleures conditions d’emploi, de travail ou de conciliation des temps. » Karine Babule, chargée de mission à l’Anact.
10 % des femmes interrogées pour l’HCE disent avoir déjà vécu une discrimination à l’emploi. La raison ? Des stéréotypes de genre toujours plus ancrés et toujours plus persistants. De même, 2 femmes sur 5 se sentent discriminées au travail. Bien que ce chiffre soit en baisse, la discrimination pèse toujours sur la vie professionnelle des femmes.
Celles-ci sont davantage discriminées sur leurs choix d’orientation professionnelle, et ce, dès leur entrée sur le marché de l’emploi. Elles ont davantage tendance à privilégier des formations correspondant à des secteurs dits « féminisés » comme la santé, les services et l’action sociale.
Fait intéressant, le baromètre a étudié 77 métiers : 57 % sont à prédominance masculine, c’est-à-dire non mixte. Cela veut dire qu’ils présentent plus d’employés masculins que féminins (il faut entre 40 et 60 % de salariés femmes ou hommes pour considérer un emploi comme étant mixte).
Bon à savoir : depuis le 5 septembre 2018, la Loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel oblige les entreprises à créer un Index de l’égalité professionnelle Femmes-Hommes pour mesurer leur plan d’égalité professionnelle. Ils doivent le publier chaque année, ce qui permet de mieux mesurer l’inégalité professionnelle entre les hommes et les femmes.
Des clichés sexistes qui demeurent, mais un peu moins répandus
Les différences de traitement peuvent en partie s’expliquer par les stéréotypes. Si ceux-ci demeurent, ils semblent tout de même reculer sur certains aspects. Par exemple, 91 % des sondés du Baromètre Sexisme estiment qu’une femme présidente est capable de diriger le pays (contre 87 % en novembre 2022).
A l’inverse, certains clichés continuent de prospérer. Par exemple, 40 % des Français interrogés estiment qu’il est normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants (remarquons qu’il s’agit d’une minorité, car 54 % pensent que ce n’est pas normal).
Chose intéressante, LinkedIn propose un top 10 des métiers où recruter d’après les compétences (et seulement les compétences) pourrait augmenter la part de femmes. Les voici :
- responsable e-commerce ;
- commercial automobile ;
- journaliste sportif ;
- commandant de bord ;
- architecte DevOps ;
- concepteur mécanique ;
- géographe ;
- architecte logiciel ;
- technicien en fibre optique ;
- technicien en génie logiciel.
Ce sont des métiers qui recrutent essentiellement des hommes et que les stéréotypes tendent à considérer comme étant « masculins ». Cependant, à ne recruter que des hommes (par manque de profils féminins ou par stéréotypes), les entreprises passent à côté de talents intéressants.
Les femmes les plus diplômées sont plus exposées au risque de déclassement professionnel
Voici le problème : plus une femme a de diplômes, plus elle risque de subir un déclassement professionnel. Cela veut dire qu’elle occupe un emploi qui ne correspond pas à son niveau de compétences, de qualifications ou de diplômes. Elle occupe un poste moins qualifié et donc moins rémunérateur que ce à quoi elle pourrait prétendre (source : Insee, 6 mars 2025).
Cependant, les femmes sont moins souvent déclassées de manière générale lorsqu’elles sont peu diplômées. Ce sont même les hommes qui subissent le plus le déclassement professionnel chez les salariés les moins qualifiés, en raison de la surreprésentation d’ouvriers (4 ouvriers sur 10 sont des hommes contre 1 sur 10 chez les femmes).
En effet, les femmes sont plus souvent diplômées que les hommes (57 % contre 47 % d’après le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche). Cependant, elles sont très minoritaires dans les filières de formations scientifiques.
En résumé, plus vous avez de diplômes en tant que femme, plus vous avez de risques d’exercer un job sous-qualifié par rapport à vos compétences réelles. Cependant, moins vous êtes diplômée, moins vous risquez de subir un déclassement professionnel.
Les inégalités de salaire entre les femmes et les hommes en 2025
Sans surprise, les inégalités de salaire hommes-femmes persistent. En 2022, le revenu salarial annuel des femmes était de 19.980 euros contre 26.110 euros pour celui des hommes (source : Insee, étude publiée le 06 mars 2025) dans le secteur privé, soit un écart de 23,5 %. Aujourd’hui, cet écart serait de 22 %.
Pour vous donner un ordre d’idée, en 2024, les femmes ont commencé à travailler « gratuitement » à partir du 8 novembre à 16h48 (jusqu’au 31 décembre 23h59). Autrement dit, elles perdent presque deux mois de salaire par rapport à leurs collègues masculins (et pour un poste et un temps de travail équivalents).
Les femmes travaillent 3 fois plus à temps partiel que les hommes
Toujours selon l’Insee, les femmes occupent plus souvent des emplois à temps partiel. Leur volume de travail annuel moyen est inférieur de 10,1 % à celui des hommes, ce qui expliquerait en partie les écarts de rémunération. Autrement dit, elles gagnent moins parce qu’elles travaillent moins.
Oui. Mais pourquoi ?
Les femmes travaillent plus souvent à temps partiel que les hommes pour des raisons familiales, pour s’occuper des enfants ou des proches (60 % des aidants sont des femmes). C’est ce que révèle le rapport de la Dares publié fin 2024.
Là encore, les stéréotypes de genre sont au cœur du problème. Rappelez-vous : 4 Français sur 10 interrogés par le Baromètre Sexiste estiment qu’il est normal que les femmes cessent leur activité professionnelle pour s’occuper de leurs enfants.
Un autre chiffre intéressant : 47 % des Français estiment qu’une femme doit avoir des enfants pour correspondre aux attentes de la société. Elle doit aussi être sérieuse, douce, sensible, belle et discrète. Autant d’adjectifs apposés au mot femme qui épousent nos perceptions jusqu’à, au bout d’un certain temps, s’installer dans la réalité.
Les femmes occupent plus de postes moins rémunérateurs
Voici ce que dit l’Insee : dans les 10 % des emplois offrant les salaires les plus bas, 6 emplois sur 10 sont occupés par des femmes. A l’inverse, sur les 10 % des métiers offrant les plus hauts salaires, seuls 4 emplois sur 10 sont occupés par des femmes (et 6 sur 10 par des hommes).
25 % des emplois occupés par des femmes (à temps plein) sont exercés dans une profession dont le salaire mensuel moyen est inférieur à 1.732 euros. Ces métiers sont souvent agente d’entretien, caissière, aide à domicile, employée dans l’hôtellerie, coiffeuse, esthéticienne… Par opposition, 18 % des emplois occupés par les hommes sont exercés dans une profession ayant le même niveau de rémunération (soit moins de 1.732 euros).
En bref, cela veut dire que les femmes sont plus nombreuses que les hommes à occuper des postes moins rémunérateurs (à temps complet).
L’écart de salaire entre les hommes et les femmes exerçant un même métier serait de 210 euros par mois en moyenne
Là encore, c’est l’Insee qui le dit. L’institut l’explique par plusieurs facteurs comme l’ancienneté du salarié, le type d’entreprise employeuse, le niveau de responsabilité du poste, la discrimination liée au sexe, etc.
L’écart de rémunération dépend des métiers et se voit davantage dans les professions les plus rémunératrices. Par exemple, un caissier est payé 50 euros de plus par mois qu’une caissière alors qu’un dirigeant d’entreprise gagne 1.110 euros de plus qu’une dirigeante.
La santé des femmes au travail en 2025
Les accidents du travail augmentent chez les femmes depuis 2001. C’est ce que remarque l’ANACT dans une enquête menée entre 2001 et 2019. Celle-ci révèle que les accidents du travail, de manière globale, sont en baisse, car les hommes restent les plus concernés. Sauf que l’étude montre aussi une hausse progressive du nombre d’accidents du travail pour les femmes.
En 2019, les femmes sont en moyenne arrêtées plus longtemps que les hommes : 73,8 journées contre 67,9 journées pour les hommes, tous secteurs confondus sauf le BTP.
De manière générale, la santé des femmes est encore trop ignorée. Alors que la question du congé menstruel fait grand débat, il faut savoir que 1 femme sur 10 souffre d’endométriose et que 1 femme sur 2 dit souffrir de règles douloureuses (source : Sud éducation).
Un rapport du Sénat met en lumière les disparités et l’impact de leur santé sur leurs conditions de travail. Il montre notamment que le taux de maladies à caractère professionnel est nettement plus élevé chez les femmes que les hommes.
La santé mentale des femmes plus en souffrance
Les femmes rencontrent plus de difficultés en termes de santé mentale que les hommes, d’après l’institut de sondage Ipsos révélait dans son dernier rapport sur la santé mentale au travail (janvier 2025). Cette situation s’explique souvent par des conditions de vie souvent plus dégradées, en lien avec des salaires faibles et une situation familiale monoparentale.
Santé Publique France a également remarqué que le risque de signalement d’une souffrance physique en lien avec le travail augmentait chez tous les salariés, mais en particulier chez les femmes cadres. Une des raisons de cet écart serait que les femmes ont davantage tendance à exprimer leur souffrance et leur besoin de soutien psychologique que les hommes.
Et c’est là que nous revenons à notre Baromètre Sexiste, car 45 % des Français interrogés estiment qu’il est plus difficile pour les hommes de pleurer que pour les femmes.
Les stéréotypes de genres desservent tout le monde. Pas seulement les femmes.
Les avancées sur la santé des femmes
Malgré tout, les choses semblent avancer pour les femmes en France. Les sujets relatifs à leur santé, qu’il s’agisse des troubles menstruels, des conditions de travail et même de la ménopause, sont de plus en plus abordés. Pour la première fois, on parle de congé menstruel et, même s’il reste du chemin à parcourir, la santé des femmes interroge et suscite des révoltes qui poussent à l’action.
À l’occasion de la journée internationale des droits de la femme 2025, certains droits avancent pour soutenir la santé des femmes :
- les femmes peuvent désormais être indemnisées dès le premier jour d’arrêt de travail pour une fausse couche ;
- le congé paternité est passé à de 14 à 28 jours, ce qui permet d’équilibrer un peu plus la charge mentale du foyer après la naissance d’un enfant ;
- un budget de 300.000 euros a été débloqué pour lutter contre la précarité menstruelle ;
- certaines entreprises proposent déjà le congé menstruel ainsi que des aménagements sans perte de salaire ou diminution de conditions de travail.
C’est aux entreprises, aux salariés ainsi qu’au gouvernement de lutter ensemble pour améliorer la santé de tous les salariés, celle des hommes comme celle des femmes.
Les femmes et la reconversion professionnelle en 2025
En 2023, 57 % des femmes rêvaient de faire une reconversion professionnelle. La raison ? Une vie professionnelle moyennement satisfaisante, un travail stressant, une évolution professionnelle moindre ou peu visible et un manque de reconnaissance.
Changer de métier est une idée qui touche de plus en plus d’actifs. Faire le même métier toute sa vie aujourd’hui, avec les évolutions, les changements de perception du travail ou l’accès à la formation professionnelle n’a plus tout à fait le même sens.
Et changer de job pour faire un métier que l’on aime, dans lequel s’épanouir professionnellement et personnellement, est la solution que propose la réorientation professionnelle. Les femmes veulent essentiellement se reconvertir pour pallier la frustration et l’ennui, chasser la souffrance, mais aussi par challenge.
De nombreux acteurs les accompagnent vers cette nouvelle vie professionnelle : le bilan de compétences pour faire le point sur ses compétences et aptitudes, le coaching professionnel, le conseil en évolution professionnelle (CEP), etc.
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Les femmes et la création d’entreprise en 2025
En 2025, l’entrepreneuriat féminin est en plein essor. C’est ce que révèle Bpifrance : les femmes représentent une part croissante des micro-entrepreneurs, cependant elles se heurtent plus souvent à des freins structurels.
En effet, elles auraient moins accès aux financements, une charge mentale plus importante que les hommes et des inégalités de revenus.
Les femmes sont plus nombreuses à créer une entreprise dans les secteurs du bien-être (sophrologie, coaching, médecines alternatives…), du e-commerce et des services aux particuliers. Les hommes, eux, ont tendance à entreprendre dans le bâtiment, le numérique ou encore dans le service aux entreprises.
3 raisons qui poussent les femmes à entreprendre
France Active révèle que les femmes veulent souvent créer une entreprise pour gagner plus d’argent (ce qui n’est pas anodin aux écarts de salaire), pour concrétiser un projet personnel et pour donner plus de sens à leur carrière professionnelle.
De plus, 32 % des femmes perçoivent la création d’entreprise comme un moyen de sortir d’une situation professionnelle précaire.
2 portraits de femmes inspirantes
Chaque année ont lieu les Trophées de la reconversion qui récompensent les beaux parcours professionnels de celles et ceux qui se sont lancés dans une nouvelle aventure professionnelle. Ils ont quitté leur job, changé de voie et créé leur entreprise.
Parmi les gagnants de 2024, découvrez Virginie Dancourt qui, à 46 ans, est devenue matelot. Cette ancienne assistante de gestion est partie de rien pour réaliser son rêve : devenir commandant de navire.
Découvrez aussi le portrait d’Emilie Morand, une ancienne responsable d’achat devenue gérante d’un bar restaurant de campagne. Cette entrepreneure travaille désormais avec deux salariés en CDI et contribue à partager des produits frais et locaux.
Découvrez tous nos témoignages d’hommes et de femmes qui ont fait une reconversion.
Les femmes et le travail en 2025, en bref
Pour résumer cet article dédié à la Journée internationale des droits des femmes 2025, voici ce que l’on sait de l’état des droits et des conditions des femmes dans la sphère professionnelle :
- plus de la moitié des Français estiment qu’il existe toujours une différence de traitement entre les hommes et les femmes ;
- le monde du travail reste le domaine le plus inégalitaire pour les femmes ;
- 83 % des femmes perçoivent des inégalités au travail ;
- 10 % des femmes déclarent avoir subi une discrimination à l’embauche ;
- 2 femmes sur 5 se sentent discriminées au travail ;
- plus une femme est diplômée, plus elle risque d’exercer un emploi sous-qualifié ;
- les femmes gagnent en moyenne toujours moins que les hommes.
Notons que les stéréotypes de genre reculent de manière générale et que les inégalités femmes-hommes baissent. Même si ces pas sont petits, cela reste des avancées qui laissent ouverte la porte vers un futur plus égalitaire entre les hommes et les femmes.